Histoire du Collège Imprimer

Naissance et histoire de l'institution


ritratto di Jean Jacobs da Guido Reni

Les liens qui unissent Bologne aux terres qui, autrefois, appartenaient au Duché du Brabant ont comme point de référence, depuis plusieurs siècles, le Collège des Flamands, institution qui, animée par l'esprit d'une tradition sans interruptions, accueille aujourd'hui encore des étudiants et des jeunes chercheurs belges et hollandais. Le Collège des Flamands - qu'on appelle également Collège Jean Jacobs, du nom de son fondateur - reste l'un des rares collèges universitaires qui ont vu le jour à Bologne tout au long de l'histoire millénaire de son université. Les étrangers qui débarquaient à l'Alma Mater se regroupaient, en effet, déjà depuis le Moyen Age en Nationes, et il n'était pas rare que ces Nationes s'implantent dans les Collèges. De telles institutions avaient pour tâche d'accueillir et de soutenir ceux qui provenaient de pays lointains et qui se rendaient à Bologne pour obtenir leur diplôme universitaire. Pour le couronnement de Charles Quint, déjà, qui se tint dans la Basilique San Petronio en 1530, différents artistes venus des terres flamandes ayant accompagné leur cour étaient présents à Bologne: mais bien au-delà, les influences de l'art pictural flamand sont évidentes ailleurs aussi dans l'oeuvre de Tibaldi et de Agostino, Annibale et Ludovico Carracci. Le peintre Dionys Calvaert, originaire d'Anvers, s'établit à Bologne où il travaille jusqu'à sa mort, survenue en 1619: et Antoine Van Dick séjourne à Bologne où il découvre l'oeuvre des Carracci et du Parmigianino.

 

Dans la lignée de ces rapports artistiques -auxquels la musique n'est pas étrangère- cette dernière véhicule, en effet, la nouveauté de la polyphonie flamande naissante accueillie dans la ville bolonaise- une série de liens entre Bologne et les terres du Brabant se développe alors et connaissent une croissance très forte au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Des rapports basés sur les échanges commerciaux voient le jour, et il ne devient pas rare que les familles de haut rang envoient leur progéniture en voyage dans ces régions du Nord, comme ce fut le cas pour Giulio et Guido De Bovio, pour Rinaldo Duglioli ou pour Emilio et Girolamo Luigi Malvezzi qui, tous, laissèrent des carnets de voyages fort intéressants. Le flux des rapports avec ce domaine culturel et géographique devient au fur et à mesure central au sein de la vie bolonaise de l'époque: et c'est évidemment dans ce contexte qu'il faut revisiter l'événement de Jean Jacobs, fondateur de ce Collège, né de son testament en 1650.

 

Qui est Jean Jacobs?

Il Prof. G. Caputo, Presidente del Collegio fino al 1991Aujourd'hui encore ses origines sont controversées: certains historiens affirment qu'il est né à Bruxelles, d'autres l'identifient comme le fils d'un certain Giacomo Jacobs, marchand originaire de Bruxelles qui avait déménagé à Bologne. Ce qui est avéré, c'est que Jean Jacobs devint, en s'imposant dans l'art de l'orfèvrerie, un homme reconnu au sein de la vie citadine: homme d'affaires et d'atelier, il prit également part à la vie artistique et culturelle bolonaise, à tel point qu'il devint l'ami et le commettant du peintre Guido Reni, qui lui laissa un portrait significatif de sa personne. Le rapport avec la ville de Bologne et son université devint si important qu'il le poussa à destiner une bonne partie de ses avoirs accumulés au cours de sa vie, à la fondation d'un Collège dont l’objectif était celui d’ accueillir les étudiants qui provenaient de la Flandre. Il est certain que des événements intimes et familiaux - parmi lesquels la mort prématurée de son unique fils - ont poussé Jacobs dans cette direction: bien que, toutefois, la concomitance de cette décision ne soit pas étrangère à la croissance évidente des rapports qui liaient Bologne avec le domaine politico-culturel de l'Europe, auquel appartenaient des parties flamandes, francophones et néerlandaises (en particulier la ville de Utrecht). Aujourd'hui encore, c'est de ces régions que doivent provenir les étudiants universitaires ou les jeunes chercheurs qui, grâce au testament de Jean Jacobs et au Statut du Collège, ont la possibilité de devenir des boursiers du Collège même.

On peut penser que Jean Jacobs nourrissait peut-être, parmi ses intentions. celle de reconstruire justement à Bologne et dans un petit lieu de vie en commun, l'unité des terres de Flandre qui s'était effilochée au temps des guerres de religion. Voilà pourquoi nous aimons penser que le Collège des Flamands pourrait devenir, en pleine époque moderne, une sorte de signe anticipateur - fût-il  minime - d'un procédé plus général de reconstitution de l'unité européenne.

 

Le bouton de Jean Jacobs 

Busto

 

Un buste en bois du fondateur surveille, discrètement, depuis l'angle d'un couloir de la résidence, la vie du Collège: ce buste représente Jacobs, avec une veste fermée par plusieurs minuscules boutons. La tradition veut que chaque étudiant, au moment de rentrer chez lui après son séjour bolonais, détache un de ces boutons pour l'emporter avec lui, comme un souvenir précieux ou un porte-bonheur. L'histoire en a sauvé un, un seul, et personne, pour le moment, ne le détachera.

La vie du Collège continue: avec elle les rêves et les aspirations de ces jeunes qui arrivaient du Nord et qui, encore aujourd'hui, comme beaucoup de ceux qui les ont précédés, ouvrent un chapitre bolonais de leur aventure humaine auprès de la maison que l'orfèvre Jean Jacobs, il y a quelques siècles déjà, avait pensé pour eux.


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Mise à jour le Lundi, 08 Février 2016 10:02